La nouvelle édition des Rencontres Economiques d'Aix en Provence entièrement disponible en replay, a été l'occasion d'échanges intéressants et révélateurs notamment de l'évolution des enjeux sociaux : sens et engagement au travail, politique salariale, partage du pouvoir dans l'entreprise ... Les enquêtes soulignent qu'une large majorité de salariés sont satisfaits de leur travail tout en s'estimant insuffisamment reconnus. En même temps, l'absentéisme progresse et les difficultés de recrutement sont bien réelles dans certains secteurs. Le sens sans la reconnaissance ne suffit plus à attirer et à retenir les salariés ... En dénonçant le "triptyque infernale" (technocratie, bureaucratie et taylorisme) qui menace la qualité de vie au travail et l'efficacité des organisations, le Directeur Général de la CNP Assurances, Stéphane Dedeyan conclut avec un peu de provocation qu'en appelant à la mobilisation de ses pairs pour donner davantage de liberté et d'autonomie à leurs salariés, il se sent "devenir marxiste" ! De son côté, la nouvelle secrétaire Générale de la CGT, Sophie Binet réfute le risque d'une boucle prix salaire et constate que c'est davantage une "boucle prix-profit" qui s'est enclenchée. Au delà de la critique des ordonnances travail, de la revendication d'un partage de la valeur qui passe d'abord par des revalorisations salariales, la Secrétaire Générale de la CGT réaffirme la nécessité d'augmenter le nombre d'administrateurs salariés et de renforcer la capacité des représentants des salariés à influer sur les orientations stratégiques. Les Rencontres d'Aix se succèdent et l'on voit s'affirmer à la fois de nouvelles lignes de convergence (évolution de la gouvernance, implication des parties prenantes, rôle sociétale de l'entreprise) mais aussi la persistance de divergences sur la place accordée aux représentants du personnel, le rôle de l'Etat dans la transition écologique et la réduction des inégalités.  

Interview de François GEFFRIER sur RADIO CLASSIQUE à l'occasion de la nouvelle journée de manifestation contre la réforme des retraites : quelles perspectives pour le mouvement social ? Pourquoi le durcissement de ton de la CFDT ?  Un échec de communication de la part du gouvernement ?

Le nouveau Secrétaire Général de FO ne manque ni d'humour ni de convictions : "ne vous arrêtez pas à mon look, discutons sur le fond" glisse-t-il à l'occasion d'une rencontre organisée par l'association RDS. Le leader de FO rappelle l'attachement de son syndicat à la négociation et à la contractualisation :  "cela constitue notre ADN, en arriver à faire grève c'est une forme d'échec des discussions". Les chantiers sociaux à venir risquent d'être source de tensions dans un contexte où "le mode de dialogue social avec le gouvernement n'a pas véritablement changé par rapport au quinquennat précédent". Le front syndical se montre davantage uni sur les grands enjeux du moment (pouvoir d'achat, assurance chômage et réforme des retraites), "l'ensemble des organisations syndicales ont déjà adopté 2 communiqués communs depuis l'été". Le bilan de la mise en place des CSE : "nous sommes convaincus de la nécessité de rétablir des CHSCT dans toutes les entreprises. En matière de sécurité et de conditions de travail, s'attaquer aux causes plutôt qu'aux effets nécessite des moyens et du temps". "Avec plus de 70% de participation aux élections dans les entreprises, la légitimité des syndicats est forte. Mais entre la mobilisation sur les réseaux sociaux et la présence dans les manifestations, l'écart est flagrant". "Nous devons convaincre sur le terrain, aller au contact des jeunes pour rappeler l'utilité du syndicalisme".   

Une matinée organisée par l'association Réalités du Dialogue Social (RDS) autour du bilan de la mise en place des CSE avec M. Grignard membre du Comité d'évaluation de la mise en place des ordonnances, V. Sagnol Directrice Politique Industrielle et Performance Sociale au sein de la DRH du Groupe SNCF, Marc Cruciani et Daniel Fourmestraux président et vice-coordinateur de l'intercentre CFE-CGC de Thales. Quelques verbatim des différents intervenants, soulignent que la simplification et la rationalisation des instances permises par la réforme n'ont pas réellement produit de refondation du dialogue social : "Si l'objectif de simplification des instances était largement partagé, la mise en oeuvre de la réforme a soulevé des difficultés, les acteurs cherchant trop souvent à reproduire les pratiques antérieures dans un nouveau cadre".   " Les difficultés et les insatisfactions du dialogue social qui existaient précédemment demeurent : les procédures d'information/consultation conduisent trop souvent à une apparence de concertation, le projet se retrouve à la fin tel qu'il était au début". " Alors que les réunions bilatérales en dehors des instances permettent des échanges approfondis sur le fond qui permettent d'avancer sur les projets, les réunions de CSE restent le théâtre de jeux de rôles peu constructifs".  " Le dialogue social de proximité est le parent pauvre de la réforme, la mise en place des représentants de proximité rencontre à la fois le scepticisme du management local et les réticences d'organisations syndicales favorables à un dialogue là ou se prennent les décisions". "La question du rôle de l'élu et de la finalité du dialogue social n'ont pas réellement été posées par la réforme". " Un mandat d'élu ce n'est pas seulement du temps de délégation c'est aussi une expérience acquise qui devrait être mieux valorisée dans l'entreprise. Manager et représentant du personnel ce n'est pas incompatible !" "Si la crise Covid a conduit l'ensemble des acteurs à tout mettre sur la table et à s'efforcer d'adopter rapidement les solutions nécessaires, cette parenthèse semble se refermer désormais"  "Il faut oublier le logiciel traditionnel, l'enjeu majeur ce n'est plus seulement celui du dialogue au sein des instances mais aussi celui de l'expression des salariés eux même, leur contribution à la co-construction des évolutions d'organisation et aux nouvelles manières de travailler".